12 mei 2012

Beschaving, en de zichtbaarheid van de vrouw

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Voor vertalen was er even geen tijd, maar een transcriptie maakt onderstaande Franse tekst alvast citeerbaar. Dat is nuttig, want het intellectuele debat, zoals dat bij Finkielkraut elke zaterdagmorgen plaatsheeft, ontbreekt bij ons. Bij ons hoor je wel vaak debatten tussen mensen die het met elkaar eens zijn. In andere landen is dat niet noodzakelijk zo. Op de site van France Culture is de volledige uitzending beschikbaar (Les livres pour patrie), want er kwamen behalve de uittrekseltjes hieronder nog wel meer interessante thema's aan bod.
Grappig was dat Finkielkraut, die gewoonlijk geen woorden tekortkomt, plots twijfelde hoe je de naam van Mme de Staël uitspreekt. Herkenbaar probleem, en echte radio. Eerst dat grapje en dan serieus:



Jan Leyers definieerde Europa ooit heel goed, namelijk als die beschaafde plek op de wereld waar ook vrouwen op café kunnen gaan. Hun zichtbaarheid is er geen halsmisdaad. Finkielkrauts genodigde zaterdag, de filosofe Mona Ozouf, plaatste die definitie in een historisch perspectief, en zij zag de oorsprong van deze loffelijke beschavingsvorm in Frankrijk. Daar heb ik nog een kleine kanttekening bij.



Alain Finkielkraut: Michel Del Castillo s'inscrit dans la longue corde de ces écrivains venus d’ailleurs, de Hume à Henry James, en passant par Henri Heine, pour lesquels la France est femme, une terre que le long commerce entre les sexes a façonnée et polie. France donc, patrie littéraire et patrie féminine.
Mona Ozouf: Oui, mais ce que je veux dire c’est qu’il est vrai que lorsqu’on lit les récits des voyageurs étrangers en France, à partir du dix-septième siècle, dix-huitième, dix-neuvième, chaque fois, ce qui frappe les voyageurs étrangers en France c’est la visibilité féminine. Les femmes sont partout, elles sont partout, elles sont dans les occupations, elles attèlent les carrioles, elles vendent des violettes dans la rue, enfin que sais-je. Visibles partout et d’autre part, c’est la mixité des activités qui frappe tous les étrangers. Donc je pense qu’on peut dire en effet que la France est un pays féminin.



Mona Ozouf: Mais, mais cela étant dit, je pense que depuis fort longtemps, s’était établi en France un commerce entre les sexes plus plus aimable, plus heureux, plus civilisé que dans beaucoup d’autres pays. Et ce n’est pas un thème que j’invente, c’est le thème de Mme de Staël, tout au long de son œuvre. Mais effectivement pourquoi est-ce que c’est un mauvais cas? Parce que ça semble, comment dire, protester contre l’idée que l’indifférenciation entre les sexes est un bien. Or c’est à cette extrémité-là que mon féminisme n’est pas du tout prêt d’aller, car je ne crois nullement l’indifférenciation souhaitable. Je crois, pour tout vous dire, que ce qui fait le prix de l’existence des femmes en France, c’est de pouvoir jouer sur deux tableaux, très différents. Le tableau de leur féminité, c'est-à-dire qu’une femme peut parfaitement être attentive à son apparence, et désirer plaire, sans pour autant se penser comme une femme-objet, comme une serine, et par ailleurs parce que c’est un calcul très rationnel. Condorcet l’a très bien dit. Condorcet a dit que quand le destin des femmes dépend de leur apparence, il est tout à fait rationnel pour les femmes de s’en préoccuper.*
Bien. Donc les femmes peuvent cultiver en France cette féminité-là. Mais par ailleurs, dans la France républicaine, l’individu est un individu qui a ses droits parce qu’il est dénué de ses qualités personnelles. Par conséquent la femme peut aussi se penser comme un sujet neutre du droit. Et c’est la possibilité me semble-t-il pour les femmes de, selon les contextes et selon les situations, de jouer sur la différence précieuse, sur la différence féminine précieuse, qui, si elle n’existait pas, tout le romanesque de l’existence se volatilise d’un coup, et en même temps se penser comme un, comme le sujet du droit, dénué de qualités.

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* Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794) zal deze uitspraak gedaan hebben nadat hij, zoals elke Europese intellectueel toen, Ferdinando Galiani's Della Moneta had gelezen. Daarin staat net hetzelfde, en toen dat boek verscheen was Condorcet amper zeven. Pas onlangs werd Della Moneta in het Frans vertaald, zoals hieronder te zien, en hier heb ik die passage weer naar het Nederlands omgezet:

Passion des femmes pour la beauté
et combien celle-ci est raisonnable
Toutefois, si chez l'homme le désir de paraître crée de l'attirance pour les productions les plus belles et les plus rares de la nature, chez les femmes et chez les enfants, la très ardente passion de paraître beaux fait apprécier ces objets au plus haut point. Les femmes, qui constituent la moitié de l'espèce humaine, et qui sont destinées, ou entièrement ou en très grande partie, à la propagation de l'espèce ainsi qu'à notre éducation, n'ont d'autre prix et mérite que l'amour qu'elles éveillent chez l'homme. Et comme celui-ci dépend presque entièrement de leur beauté, leur plus grand souci est d'apparaître belles aux yeux des hommes. Combien les ornements y contribuent est un fait reconnu unanimement; donc, si la valeur chez les femmes tire son origine de leur charme et celui-ci de leur beauté, cette valeur s'accroît avec les ornements, et alors il est par trop évident que nécessairement la valeur de ces objets est très grande dans l'idée qu'elles s'en font.
Ferdinando Galiani
De la Monnaie/Della Moneta

Édité et traduit sous la direction de André Tiran
Traduction coordonnée par Anne Machet
Éd. Economica, Paris, 2005, p.75

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